Des entreprises avec trop d’argent rachètent leurs actions à défaut d’avoir des projets

2015-03-04
Dominique Lemoine

Les rachats d’actions seraient de plus en plus fréquents et ils comporteraient leur bagage de conséquences pour l’économie, affirme un éditorialiste du quotidien économique français Les Échos.

« Non, désolé, j’ai vraiment trop d’argent. Je ne sais pas quoi en faire. Je préfère vous le rendre », écrit Jean-Marc Vittori, pour tourner en dérision la tendance des grandes entreprises aux États-Unis à racheter en masse leurs actions, après avoir accumulé en 2014 « de l’argent comme jamais », c’est-à-dire des profits qui dépassent ensemble le cap des 12 % du produit intérieur brut (PIB) de ce pays.

Son texte soutient que les grandes entreprises qui font partie de l’indice boursier S&P 500 auraient accumulé plus 1 000 milliards de dollars de profits en 2014. Elles auraient ensuite choisi, soit d’en garder beaucoup, soit d’en verser en dividendes à leurs actionnaires (pour un total de 350 milliards de dollars), soit de racheter des actions (pour plus de 550 milliards de dollars), et ce, « le plus souvent pour les détruire ».

Ce mouvement d’absorption par les grandes entreprises de toujours plus de capital qu’elles n’en émettent serait enclenché depuis que la Securities and Exchange Commission (SEC) a assoupli la réglementation sur les rachats d’actions en 1982. Ainsi, depuis 2004, 7 000 milliards de dollars auraient été consacrés à des rachats d’actions, soit plus de la moitié des profits des entreprises sur cette période, sans compter que certaines se seraient endettées pour racheter des titres.

Une autre des raisons qui expliqueraient cette vague de rachats d’actions serait un « manque de projets d’investissements prometteurs », qui ferait en sorte que des entreprises de secteurs à maturité, comme la grande consommation et le commerce, et même des entreprises en technologie avancée, seraient plutôt tentées de se forger une rente. « Elles ont pourtant été créées pour collecter de l’argent afin de mener à bien leurs projets », écrit l’éditorialiste déçu, moqueur ou naïf.

L’éditorial demande donc d’où viendra demain l’innovation et la croissance de l’économie si ces entreprises continuent à garder de l’argent ainsi ou à succomber à la pression de détenteurs d’actions activistes « obsédés par le court terme », qui veulent avoir de l’argent frais et des actions plus exclusives qui rapportent davantage en fonction d’une répartition plus restreinte des dividendes.

« Les actionnaires ne sont plus là pour apporter de l’argent, mais pour en extraire. D’où la montée des questions sur la répartition des revenus (aux États-Unis, 1 % des particuliers détiennent 40 % des actions) », précise cet éditorial de Les Échos.

Lire l’article complet dans le site de Les Échos ›››

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